"Cette rentrée, c'est la catastrophe !". Le commentaire, postée par une utilisatrice de Facebook dans le groupe des usagers de la ligne TER Mâcon-Lyon (ligne 24) résume assez bien le mois de septembre chaotique qu'ils vivent sur les rails. Les problèmes sont récurrents depuis plusieurs années sur cette ligne SNCF – le Patriote en faisait état en janvier 2023 – mais s'enchaînent depuis un peu plus d'un mois.
Des wagons réduits, comme c'était par exemple le cas le 28 septembre, jour de ce commentaire, obligent les usagers à s'agglutiner quand d'autres restent tout simplement à quai… Une véritable mêlée de rugby encore plus compliquée pour les personnes ne pouvant pas rester debout, à l'image de Guillaume*.
Cet habitant de Jassans-Riottier effectue le trajet Villefranche - Lyon Perrache de manière quotidienne pour le travail. "Je suis en situation de handicap, avec des problèmes de lombalgie assez importants qui m'empêchent de pouvoir rester debout". Pour éviter de se retrouver dans des situations compliquées depuis "la galère" de ce mois de septembre, il se montre très prévoyant et part en avance, pour arriver à 8 h.
"Mon employeur nous laisse la possibilité de pointer jusqu'à 9 h, donc j'ai un peu de marge de manœuvre. En revanche, je suis très embêté le soir, quand il n'y pas de train depuis Perrache et qu'on se retrouve obligés d'aller jusqu'à la Part-Dieu".
C'est ce qui est arrivé mardi 26 septembre, jour de grève : "On nous a dit que le train de 17 h 26 attendait les voyageurs mais il n'a pas patienté longtemps : j'ai réussi à l'avoir mais d'autres sont restés à quai".
Son emploi étant dans le centre de Lyon, bien qu'il dispose d'un parking, troquer le train pour la voiture l'obligerait à rallonger son temps de trajet en subissant les bouchons et serait encore plus inconfortables au vu de son handicap. "Et puis ce ne serait pas viable écologiquement et économiquement parlant", souligne-t-il.
Trains supprimés, retards, accès au quai refusé
Certains voyageurs se retrouvent parfois sans train tout court. C'est ce qui est arrivé dimanche 17 septembre à Thibaut*, Caladois habitué des trajets Villefranche - Part-Dieu et Vaise - Villefranche pour son travail.
Ce soir-là, alors qu'il rentre de week-end, le dernier train de la journée à destination de Mâcon (22 h 06) est supprimé pour cause de "défaillance de matériel".
Les usagers ont été prévenus à 17 h 30 de la suppression mais la solution mise en place, un autocar depuis la gare routière, a visiblement mis du temps à arriver. "On a passé 40 minutes à l'attendre sans que personne ne nous informe de ce qui se passe, un peu comme des naufragés", souffle Thibaut.
Une cinquantaine de personnes étaient dans cette même situation. Interrogé sur cet incident, la SNCF indique que "malgré la mobilisation des équipes pour trouver une alternative à l’absence du conducteur pour maladie, seule la solution d’une substitution du train par un car a pu être mise en place. […] Nous ne disposons pas à date d’éléments concernant un éventuel retard de l’autocar".
Amandine*, elle, s'est vue refuser l'accès au quai à la Part Dieu par une agente. Légèrement en retard, l'habitante de Villié-Morgon voulait monter vérifier si son train était encore à quai. Mais l'agente postée en bas pour filtrer les passagers – un TGV pour Paris partait sur ce même quai – refuse et après un échange tendu, son train lui file finalement sous le nez.
"Au-delà de cet incident particulier, ce sont des retards quasi quotidiens qui impactent ma vie personnelle et professionnelle". Au point qu'elle en vient à reprendre sa voiture ou devoir télétravailler.
Tout le monde n'a malheureusement pas cette option, à l'image de cet instituteur caladois qui s'est déjà retrouvé deux fois en un mois sans train pour se rendre à Vaise, où il enseigne à l'École Chapeau Rouge.
"Dans ces cas, on est obligé de prévenir notre employeur qu'on aura du retard et nos collègues se répartissent les élèves en attendant qu'on arrive, ce qui est très pratique", ironise-t-il. Habitué de la ligne depuis cinq ans, il en vient à prendre deux fois par semaine son véhicule personnel.
Comme de nombreux usagers locaux, il souhaiterait un remboursement de son abonnement : interrogé sur la question, la SNCF n'a pas donné suite.
Elle a en revanche expliqué, que les problèmes du jeudi 21 septembre, jour durant lequel les trains origine et terminus Villefranche n’ont pas circulé jusqu'à 10 h, étaient dus "à des raisons incombant au gestionnaire d’infrastructure. Priorité a été donnée à l’information des clients avec un envoi massif de SMS dès connaissance de la perturbation". Un SMS est en effet parti le jour même… à 2 h du matin.
*Les noms de familles ont été enlevés pour respecter l'anonymat des personnes.