La grisaille d'un mardi matin d'automne qui en vaut bien un autre et un nouveau jour de galère en vue pour les usagers du TER au départ de Villefranche. Sur la ligne Dijon-Mâcon-Lyon, le train de 8h20 à destination de Lyon Part-Dieu se fait attendre. Juste quelques minutes de retard, mais un mauvais présage.
A son entrée en gare, alors que les wagons déjà pleins défilent au ralenti en attendant l'arrêt complet, les dizaines de voyageurs qui patientent sur le quai savent à quoi s'attendre. Entrer dans l'une des rames va relever du parcours du combattant. Et pour ceux qui disposent de vélos ou de trottinettes, la mission est quasiment impossible.
Confirmation immédiate, l'opération prend près de dix minutes au lieu d'une ou deux. Le temps nécessaire pour que les corps s'entassent, se serrent dans une promiscuité gênante.
A la gare de Villefranche, les corps se serrent dans le TER
Ceux qui ont la chance d'être assis font comme si rien d'anormal ne se passait, à l'abri dans leur bulle Instagram ou bien cachés derrière l'intrigue de leur page-turner. D'autres, déjà debout depuis Belleville, écouteurs sur les oreilles, rechignent à céder les derniers centimètres carrés de leur espace personnel. Mais finalement, entre négociations et supplications, on se tasse encore un peu et les portes parviennent à se refermer.
La scène se répétera en gare de Saint-Germain-au-Mont-d'Or, dernier arrêt avant Part-Dieu. "Le train est complet, mais un prochain à destination de Part-Dieu est prévu dans une demi-heure", annonce-t-on au micro pour tenter de dissuader les dernières personnes de monter. Mais un mardi matin à 8h30, personne n'a le loisir de perdre une demi-heure supplémentaire.
Des trains inadaptés aux enjeux des déplacements domicile-travail
Il faut dire que cette génération de wagons Corail, inadaptée aux enjeux métropolitains des trajets domicile-travail, date du siècle dernier. Depuis, le monde a changé, les mobilités aussi. Les trains du quotidien et la SNCF peinent à suivre le rythme. Outre le confort, la question de la sécurité est posée. Existe-t-il d'ailleurs une capacité maximale autorisée ?
Dans l'allée centrale, le roulis de ces wagons haut sur roues perturbe l'équilibre, d'autant plus que rien n'est vraiment prévu pour se tenir. Mais c'est pire pour les passagers qui s'entassent sur les plateformes près des portes.
Des airs de métro parisien à l'heure de pointe, le tarif en plus et la cadence en moins. Hors abonnement, le prix du billet s'affiche à 8,50 euros pour un Villefranche-Lyon. Pour autant, la résignation semble l'emporter. Au quotidien, la colère épuise et épuisés beaucoup d'usagers du TER le sont.
Les excuses gênées du personnel de bord de la SNCF
A l'approche de Lyon, la voix du chef de bord grésille dans les hauts-parleurs. De la gêne dans le ton mal assuré, presque une forme de honte, on ressent le mal-être de l'agent SNCF à qui on ne donne pas les moyens d'assurer sa mission de service public.
"Je m'excuse pour les conditions déplorables dans lesquelles vous avez été transportés aujourd'hui. Un rapport circonstancié sera remonté pour vos plaintes légitimes", déclare-t-il. Des rapports qui s'empilent et avec lesquels la SNCF risque fort d'atteindre la distance Terre/Lune si la situation perdure.
Ce mardi matin, il aura fallu 35 minutes au lieu de 23 pour effectuer la liaison entre la gare de Villefranche et celle de Part-Dieu, sans compter un temps de descente digne d'un avion de ligne.
Ligne TER Mâcon-Lyon : les usagers entre colère et résignation
Si la colère des usagers monte depuis des mois sur cette ligne du quotidien malade de son succès, le ras-le-bol général atteint des sommets depuis la rentrée de septembre. Sur le groupe Facebook "Usagers TER de la ligne Mâcon-Lyon", les messages de désarroi se multiplient. Vie professionnelle et vie personnelle sont impactées.
En attendant, ce soir il faudra bien reprendre le TER pour rentrer chez soi. Avec le simple espoir d'un train à l'heure et de conditions de voyage acceptables.