Le concept s'est ensuite répandu peu à peu en Europe.
En France, les premiers "cafés suspendus" sont apparus début 2013.
Tout est parti de la page Facebook du mouvement des Indignés de France qui a suggéré de développer ce mouvement de solidarité. Puis des groupes se sont constitués pour démarcher les cafés et les convaincre de jouer le jeu.
Le principe est simple : un client paie deux cafés, n'en consomme ou n'en emporte qu'un, et l'autre est laissé en attente pour une personne dans le besoin.
Ensuite, chaque commerçant est libre de faire connaître sa participation à ce geste solidaire comme il le veut : soit en affichant les "cafés suspendus" en vitrine ou sur une ardoise. Pour eux, les Indignés ont imaginé des logos afin que les bars participants puissent être identifiés.
A Villefranche, au New 1900, on pratique le "café suspendu" depuis plus d'un an. "C'est une vidéo qui m'a interpellée, explique Sophie Durmarque, et Xavier Bordron, mon patron, l'a été presque en même temps par un article dans la presse. Nous nous sommes dit : pourquoi pas le faire à Villefranche ?"
Les établissements qui proposent des "cafés suspendus" se sont développés davantage dans les grandes villes. Mais Sophie assure que "ce n'est pas parce qu'on est dans une petite ville qu'on ne doit pas être solidaires. Et d'ailleurs, dès qu'on a commencé ça a très bien marché".
"Pour nous, ce sont des clients comme les autres"
Souvent, la clientèle, intriguée par l'ardoise en vitrine, demande en quoi cela consiste et laisse un café en suspens à la place du pourboire.
"Au début, les personnes qui sont dans le besoin n'osaient pas franchir la porte pour demander. Souvent, ils restent en terrasse et attendent qu'on vienne à eux. Ce sont des gens très discrets", explique Sophie.
Xavier Bordron a pour habitude d'aller au devant de ces personnes nécessiteuses, dans les squares, sur les bancs, et leur porte directement ce petit café : "Si le client ne va pas au café, c'est le café qui va au client."
Au New 1900, c'est avant tout un geste solidaire. "Lorsqu'il fait froid et qu'ils restent dehors, on les laisse s'installer au chaud pour boire leur café, lire le journal, pour nous ce sont des clients comme les autres. Lorsqu'une maman avec des enfants se présente pour prendre un "café suspendu", les enfants ne sont pas oubliés et nous leur offrons aussi une boisson ou quelques friandises", raconte la jeune femme.
Selon elle, cette initiative solidaire lui a fait réaliser qu'il y avait beaucoup de monde en difficulté, même dans une petite ville comme Villefranche.
"Trouver le moyen de le faire connaître"
Au Café de la Gare, Dominique Cotton a lui aussi adhéré à cette initiative depuis fin février 2014.
"J'ai toujours pratiqué l'économie sociale et solidaire dans ma vie, j'ai donc trouvé cette opportunité sympathique. Elle est en adéquation avec ma philosophie", justifie-t-il.
Pour lui, deux difficultés majeures existent pour que cela marche mieux : "On n'a pas suffisamment travaillé le "marketing" de la démarche. Il faudrait réfléchir à la manière de le faire savoir. Et puis le deuxième obstacle est la difficulté qu'ont les gens à avouer leur dénuement et franchir le pas de la porte".
Dominique Cotton raconte alors que certains clients ne sont pas très compréhensifs vis-à-vis de cette pratique et lui expriment leurs réticences. "Tous n'ont pas la fibre solidaire !", s'exclame-t-il.
"Les demandeurs sont discrets. Notamment l'un d'eux qui refuse de prendre le café, rouspète. Ne vient que quand il a de l'argent. Et a contrario il y en a un qui passe toutes les demi-heures. Là je refuse car il faut que cela profite au plus grand nombre."
Dominique constate que lorsqu'il explique le "café suspendu" à un client qui lui demande, il fait un don et apprécie que celui-ci soit anonyme.
Sur son ardoise en vitrine, le Café de la Gare affiche douze cafés en attente... peut-être peu mais Dominique Cotton se veut "persévérant et cherche le moyen de faire connaître cette initiative".
Jacqueline Fabre
Une belle idée solidaire : le café suspendu !
Après la seconde guerre mondiale, le client d'un bar napolitain, par une froide journée d'hiver, aurait eu l'idée d'offrir un café à quelqu'un qui n'avait pas les moyens de s'en payer un.
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