Des explications confuses, une gêne palpable et une situation personnelle alarmante. C'est le cocktail produit par Al-Ousseyne Diaby, vendredi 3 février dans le box des prévenus du tribunal de Villefranche. L'homme de 25 ans était jugé pour deux affaires similaires, qui se sont déroulées à quelques mois d'intervalle dans le Beaujolais.
Tout d'abord le 16 septembre 2022 à Villefranche quand, dans sa Renault Clio, l'individu a été contrôlé au départ pour une simple histoire de clignotants non-utilisés. Outre l'absence de papiers du véhicule, d'assurance et de contrôle technique, une forte odeur de résine de cannabis émanait de l'habitacle.
Le dépistage salivaire réalisé par les policiers a confirmé une consommation de métamphétamines, de cannabis et de cocaïne. Dans la voiture, les agents ont également retrouvé divers types de drogues : cocaïne, cannabis et MDMA, disséminés dans des pochons, les portières et le coffre du véhicule.
Une somme liquide de 2 765 € se trouvait aussi à l'intérieur, ainsi que deux téléphones, dont un dans son caleçon et une balance de précision.
Il a assuré lors de son audition qu'une partie de l'argent lui appartenait et qu'il avait bien consommé de la drogue. Il n'a en revanche pas reconnu initialement de consommation régulière ou effectuer un quelconque trafic. Il n'a pas non plus adressé aux policiers les codes de ses téléphones. Son permis a été suspendu.
De nouveau contrôlé positif en possession de drogue à Belleville
Convoqué devant la justice, il n'a pourtant pas attendu bien longtemps pour récidiver. Le 28 janvier, c'est à Belleville-en-Beaujolais cette fois, à bord d'une Citroën C3, qu'il a été contrôlé sans permis, assurance ou contrôle technique par les gendarmes.
De nouveau, l'odeur de cannabis est arrivée aux narines des forces de l'ordre et encore une fois, le test salivaire s'est révélé positif au cannabis, à la cocaïne et la MDMA. De la drogue et 1 162 € en liquide se trouvaient dans le véhicule. Une perquisition à son domicile a permis de retrouver plusieurs téléphones. L'un d'eux a été exploité et a mis à jour des échanges confirmant un trafic de drogue.
Pourtant, lors de la séance de questions-réponses avec les juges, Al-Ousseyne Diaby a eu du mal à le reconnaître. "Je ne gagnais pas d'argent dessus, je ne faisais que livrer", a-t-il assuré. "Pourtant, une partie de l'argent du véhicule était à vous", a relancé la présidente France Rouzier. "C'était pour aller chercher la drogue. Je rendais une partie aux collègues", a répondu le prévenu. "Alors pourquoi il y avait de la drogue et de l'argent dans la voiture ?", a-t-elle rétorqué.
S'embrouillant dans ses explications, il a fini par reconnaître se livrer à ce trafic à demi-mot. Concernant sa consommation, celle-ci serait plus régulière aussi, de l'ordre de plusieurs joints par jour.
"L'inquiétude de sa famille est certaine"
Son casier judiciaire a été passé en revue, entre outrages, remises d'objets à des détenus, conduites sans permis, refus dobtempérer, délit de fuite et usage de stupéfiants depuis 2016.
Il a assuré travailler "au black" en restauration et toucher 1 400 € par mois mais, en parallèle, verser une pension de 500 € par mois pour un enfant, consommer pour 500 € de drogue et payer diverses charges.
Face à la gravité des faits, la procureure Dorothée Perrier a requis dix-huit mois de prison dont six assortis d'un sursis probatoire, mandat de dépôt, obligation de travail, soins et paiement des sommes dues au trésor. La représentante du ministère public a aussi requis une annulation de son permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant six mois et des amendes de 600 et 500 €.
La défense de l'avocat, Maître Madjid Belabbas, a mis en avant le contexte d'une famille qui ne connaissait pas les problèmes de drogue et de trafic du prévenu. "L'inquiétude de sa famille est certaine, a-t-il argumenté. À l'âge de 15 ans, on l'a fait partir chez son grand-frère en Égypte. Il est revenu car il s'était assagi."
Jugeant la peine requise "assez lourde", le défenseur a plaidé pour qu'on l'aide à "sortir de l'engrenage de la drogue".
Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet. Il a été placé en détention à Vénissieux.
