Cette usine a été à la source d'un scandale sanitaire majeur dans l'agglomération juste avant le tournant des années 2000. Metaleurop fabriquait du plomb de deuxième fusion, essentiellement à partir de batteries usagées. Avec à la clé des rejets importants de métaux lourds dans l'air et des cas d'intoxications avérés au sein de la population. Manifestations devant l'usine, réunions de crise, évaluation de l'exposition des enfants au plomb, l'affaire avait fait grand bruit et fait émerger parmi les lanceurs d'alerte la figure de Jean-Pierre Andry, écologiste farouchement indépendant. "Je suis un sniper environnemental", s'auto-décrit-il non sans humour.
Aujourd'hui, le soufflé du scandale Metaleurop est retombé. Et c'est bien ce qui inquiète Jean-Pierre Andry, considérant que les problèmes de pollutions atmosphériques ne sont pas réglés. "Quand l'affaire a éclaté, c'est devenu un problème politique. Aujourd'hui, élus locaux et pouvoirs publics me semblent moins sur le qui-vive. J'en veux pour preuve les réunions des CLIS (NDLR?: Commission locale d'information et de surveillance, structure de concertation mise en place pour certaines installations classées), qui sont moins efficaces", regrette l'habitant d'Arnas, qui a analysé avec minutie les nombreux projets d'agrandissements ou de hausses de production obtenus par les entreprises industrielles de la zone nord de Villefranche, là-même où Metaleurop était installé jusqu'à 2001.
C2P, spécialisée dans le retraitement des coques de batteries, a obtenu il y a environ deux ans une hausse importante de sa capacité de production "de l'ordre de 400 %" souligne Jean-Pierre Andry. "Quant à Recylex, juste à côté, ils ont l'autorisation de rejeter 180 kg de plomb par an dans l'atmosphère." Un peu plus loin, la Société lyonnaise des enrobés a elle aussi demandé et obtenu de pouvoir augmenter sa production… et ainsi ses rejets dans l'atmosphère. "Tôt le matin, c'est un panache sombre qui file vers l'agglomération", souligne M. Andry.
Bientôt c'est la coopérative agricole Terre d'Alliances qui devrait obtenir un feu vert de la préfecture pour installer un nouveau silo de séchage de céréales. "Ces végétaux poussent sur des terrains nourris aux engrais, on utilise pesticides, fongicides et herbicides pour leur culture. Ces produits dangereux sont chargés dans les poussières qui partent en direction de la Saône, vers Beauregard et Jassans-Riottier", estime M. Andry. "La situation générale est inquiétante car en quelques années, les émissions atmosphériques ont fortement augmenté dans l'agglomération de Villefranche. Sans compter que les chiffres donnés par les administrations ne sont pas forcément respectés, faute de contrôles efficaces", insiste-t-il, soulignant que les vents dominants plaçaient le centre-ville en ligne de mire.
Jean-Pierre Andry attire enfin l'attention sur l'usine d'incinération, située face au quartier de Béligny en bordure d'autoroute. Preuves à l'appui, il évoque les dysfonctionnements en série constatés depuis des années par le cabinet chargé du contrôle des installations. "Aujourd'hui encore, on sous-estime les risques pour la santé de la population, puisqu'on augmente les capacités de production et que la pollution continue", soupire Jean-Pierre Andry.
Julien Verchère
Villefranche? : le fond de l'air est-il vraiment respirable ?
Evoquer la pollution atmosphérique en Beaujolais, c'est inévitablement faire référence à ce qu'on a appelé "L'affaire Metaleurop".
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