Coups, menaces et d’humiliations telles que l’obligation de faire le ménage de la cellule, de dormir par terre, de se voir attaché aux barreaux du lit et même de se voir plonger de force la tête dans la cuvette des WC : voilà à quoi ressemblait le quotidien de ce prisonnier dans le huis clos de sa cellule.
Quinze jours d’ITT lui avaient été reconnus. "En détention, la force prévaut sur la loi. Mon client, incarcéré pour la première fois, a subi cette loi et présente les stigmates de la torture", a souligné l’avocat de la victime lors du jugement de l’affaire, le 8 août, à l’audience des comparutions immédiates du tribunal correctionnel caladois.
L’auteur de ces violences, Ramzi B., était prévenu des chefs de violences avec arme, détention de stupéfiants et recel du chargeur du téléphone de la victime, autorisée à l’utiliser en détention pour contrôler son état diabétique. Une appréciation dont a convenu la représentante du parquet : "La prévention aurait pu être basée sur des actes de barbarie mais il aurait alors fallu ouvrir une instruction".
"Je lui ai écrasé la tête à coups de pied"
Il faut dire que le prévenu a mis du sien pour rendre crédible une telle hypothèse en donnant, par forfanterie, des détails sordides sur ce déferlement de violences : "Il a voulu me faire tomber mais il ne sait pas se battre. Je lui ai écrasé la tête à coups de pied lorsqu’il était au sol". Il a rapidement quitté ce registre lors de la simple évocation des faits reprochés pour s’enfermer dans une violence verbale telle que la présidente le fera expulser de la salle d’audience.
La poursuite de l’instruction du dossier a permis de comprendre que cette "haine absolue", selon le mot du ministère public, avait trouvé son origine dans les appels téléphoniques de la victime, ce que le prévenu n’avait pas supporté. Par ailleurs, la fouille de la cellule après ces incidents avait permis la découverte de 46 g de résine de cannabis, trouvés dans les effets personnels de la victime. Le prévenu a livré une explication surprenante : "Six grammes correspondent à ma consommation personnelle. Le reste lui appartient. Il est du quartier. Il est protégé par les grands".
Le tribunal a condamné Ramzi B., à 30 mois d’emprisonnement ferme et a délivré un mandat de dépôt. Le prévenu est frappé d’une interdiction de séjour sur le territoire français pendant une période cinq ans et d’une interdiction de détenir une arme sur la même période. La partie civile a été reçue et ses intérêts seront appréciés lors d’une audience civile fixée au 5 décembre prochain.