Une nouvelle dégradation pluvieuse est attendue cette fin de semaine sur le Beaujolais. Une de plus, diront certains avec un brin de fatalisme. Depuis trois mois, la météorologie instable entraîne des pluies abondantes, parfois des chutes de grêle, tandis que l'ensoleillement demeure très moyen. Et ce n'est malheureusement peut-être pas terminé ! (voir par ailleurs).
Conséquence, la filière viticole s'inquiète pour la production 2012. Les conditions actuelles pourraient jeter un voile noir sur la naissance du futur millésime. Depuis des semaines, les vignerons doivent notamment batailler contre le mildiou, déclaré ennemi numéro un. Ils multiplient les traitements préventifs, notamment grâce à des fongicides pénétrants systémiques, pour empêcher la prolifération de champignons qui peuvent causer d'énormes dégâts.
La situation est suivie de très près à la Chambre d'agriculture du Rhône, qui publie chaque semaine un bulletin dressant l'état des lieux en Beaujolais, ainsi que les préconisations à suivre. Dans son dernier document, l'organisme évoquait une "pression toujours très forte" et "une situation qui se détériore".
2012, un tout petit millésime ?
Depuis le début de la campagne, "il y a eu plus de vingt contaminations, soit en moyenne plus deux par semaine", peut-on encore lire. Pire, d'autres maladies comme l'oïdium ou le black-rot sont classées au niveau le plus élevé sur l'échelle du risque proposée par la Chambre d'agriculture du Rhône. "L'oïdium se développe en parallèle du mildiou cette année ce qui est très exceptionnel", précisent dans leur texte les techniciens, qui ne communiquent pas directement à la presse.
Si la qualité des vins ne sera pas forcément altérée (tout va dépendre des quarante-cinq derniers jours avant les vendanges), on a déjà la certitude que la quantité sera faible. Certains professionnels annoncent une récolte historiquement basse, peut-être inférieure à 650 000 hectolitres. Pour d'autres spécialistes, il est encore trop tôt pour avancer des chiffres précis. Mais tous s'accordent à penser que le millésime 2012 sera produit en tout petits volumes. La situation pourrait même être assez singulière pour les beaujolais et beaujolais-villages. Car si les marchés de "nouveau" sont semblables à ceux de 2011, il pourrait ensuite ne rester que très peu de bouteilles à vendre en vin de garde ! Même si ces marchés difficiles ne sont pas toujours rémunérateurs, leur quasi absence menace de détourner des clients potentiels vers d'autres vignobles. Au final, les caprices du ciel pourraient coûter très cher au Beaujolais.
Julien Verchère
Vins du Beaujolais : la météo médiocre menace la récolte
Après quelques jours de répit salutaires, les vignerons scrutent à nouveau le ciel avec inquiétude.
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