AccueilACTUALITESViticultureViolences conjugales : "Si ton objectif c'est de me tuer, vas-y, tue-moi !"

Violences conjugales : "Si ton objectif c'est de me tuer, vas-y, tue-moi !"

L'affaire d'un déchaînement de violence a été jugé, mardi 27 juin, au tribunal correctionnel de Villefranche. Celle d'un homme contre son épouse qui lui faisait subir un traitement psychologique et physique intenable depuis des années.
L'homme s'est déchaîné avec violence sur son épouse.
© Pexels - L'homme s'est déchaîné avec violence sur son épouse.

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Les larmes aux yeux de l'épouse, au moment de refuser de s'exprimer à la barre, ont trahi son émotion, trop forte pour ressasser ce qu'elle a vécu. C'est donc son avocate qui a porté sa parole, mardi 27 juin. Celle d'une femme de 28 ans qui a été, pendant plusieurs années, sous l'emprise de son conjoint qui comparaissait librement.

"Comme un punching-ball"

Les faits ayant mené à cette audience remontent au 29 décembre 2022. Vers 18 h 50, la victime a appelé les gendarmes de Limonest alors qu'elle se faisait soigner à l'hôpital pour leur rapport les faits de la nuit.

Son conjoint, avec lequel elle faisait chambre à part depuis plusieurs semaines dans leur domicile de Val d'Oingt, était rentré alcoolisé dans la nuit. Il avait alors tenté de la serrer contre lui alors qu'elle était dans le lit.

Face à son refus, il s'est emporté et l'a violemment frappée. Coups de poing sur les jambes, les côtes et le ventre, gifle, immobilisation des bras, tirage de cheveux : un déchaînement de violence inouïe s'est abattu sur celle qui s'est sentie "comme un punching-ball".

À tel point qu'elle lui hurlera : "Si ton objectif c'est de me tuer, vas-y, tue-moi !". La procureure, Laetitia Francart, a aussi décrit une scène où il a tenté de mettre le visage de sa femme devant son téléphone pour le déverrouiller par reconnaissance faciale.

Elle en est ressortie avec dix jours d'ITT, un œil au beurre noir et diverses blessures et contusions.

Un quotidien d'humiliations et de surveillance

Mais il ne s'agissait pas d'une première dans ce couple marié depuis une dizaine d'années et qui a accueilli deux enfants en 2016 et 2020. Les auditions de la victime ont permis d'établir un précédent, jugé également ce mardi 26 juin, le 1er janvier 2017. Le mari l'aurait déjà violentée parce qu'elle l'avait surpris en situation d'adultère.

Leur quotidien était aussi fait de violences physiques – des petites gifles qu'elle "acceptait" car elle le savait "capable de pire" – et psychologiques récurrentes. Les enfants eux-mêmes ont été témoins de claques, de propos dénigrants, d'humiliations et autres insultes.

De plus, il la surveillait avec un système de géolocalisation et lui interdisait de sortir en boîte de nuit.

"Il faut un vrai suivi psychologique"

Interrogé à la barre, le mari n'a pas nié les faits. Il a expliqué ses actes du 29 décembre par l'alcool et le fait que son épouse était partie avec un collègue de travail en été "sans me le dire". Le soir des violences, il assure avoir voulu "qu'elle se colle contre moi", disant ne pas se sentir bien et avoir "besoin de ça".

Son profil est celui d'un homme qui a également vu son père frapper sa mère, plus jeune. Suivi durant son enfance, il a été sous traitement au collège avant de le stopper.

Habitué des stupéfiants et de l'alcool, il dit être sevré depuis six mois, comme en attestent ses prises de sang mensuelles. En revanche, il n'a pas fait de suivi psychiatrique pour son comportement imprévisible et violent, ne parvenant pas à donner d'explication sur ce manquement devant les juges.

C'est l'un des aspects sur lequel a insisté l'avocate de la partie civile. "Il faut un vrai suivi psychologique et aller un peu plus loin avec une expertise", a-t-elle appuyé, fustigeant un "discours très lisse" du prévenu. "J'aurais aimé des excuses pour ma cliente", a-t-elle ajouté avant de réclamer "de la tranquillité et de la paix" pour la plaignante et

Dix mois avec sursis

Un sens dans lequel est allée la procureure qui, face à cette violence habituelle, a requis dix mois de prison dont six avec sursis probatoire pendant deux ans, obligation de réaliser un stage sur les violences conjugales et aménagement sous forme de bracelet électronique pour la partie ferme de sa peine.

L'avocate du prévenu a souhaité minimiser les jours d'ITT face à des lésions "traumatiques superficielles" et rejeter l'idée d'une expertise. Elle a aussi mis en avant des "contradictions" chez la victime sur la fréquence des violences depuis 2017. Enfin, elle a souhaité que son client n'écope que d'un sursis.


C'est en ce sens que le tribunal a statué, prononçant dix mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, obligation de soins et d'indemniser la partie civile, suivi d'un stage de violences conjugales et interdiction d'entrer en contact avec la victime. Une expertise sera aussi menée.

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