"Vous avez une heure et demie pour la coupe homme avec taille de barbe". Sur le plateau technique coiffure du CFA du Beaujolais de Tarare, les regards des candidats offrent un mélange de concentration, d'appréhension et de détermination à l'écoute des consignes.
Lundi 13 mars, douze d'entre eux s'affrontent au sein de l'établissement à l'occasion de la sélection régionale des Worldskills. Toute la journée, ils doivent se départager autour de différentes épreuves mettant en évidence leur savoir-faire technique en matière de coiffure. Le but : convaincre les jurés pour être celui ou celle qui représentera la région Auvergne-Rhône-Alpes du 14 au 16 septembre à Lyon Eurexpo lors des finales nationales.
Pour cela, trois modules d'évaluation se dressent devant les visagistes en herbe, tous âgés de moins de 23 ans, comme le veut le concours : une épreuve de coupe coiffage homme avec taille de barbe, une de coiffure chignon de mariée avec ornement floral et enfin une coupe couleur commerciale.
À chaque fois, une photo, la même pour tous, est distribuée pour servir de modèle à tous les concurrents. Au top départ, à 8 h 15, les ciseaux qui cisaillent et les tondeuses qui tondent demeurent les seuls sons autorisés, les interactions entre le public – un peu moins d'une dizaine de curieux – et les concurrents étant strictement interdites pendant l'épreuve.
"C'est une belle mise en lumière pour le CFA, note la directrice pédagogique du site, Caroline Nicoud. Nous avons monté un dossier auprès de la Région pour leur présenter les lieux, notre possibilité d'accueillir du public, la surface de notre plateau ou encore les douze postes de coiffure que l'on possède."
Ouvert en 2021 et inauguré en 2022, le CFAB n'a pas tardé à convaincre sur sa capacité à organiser de tels événements. L'appel à projets a été lancé l'été dernier par la Région, organisatrice du concours. "Nous avons regardé l'équipe pédagogique aussi pour connaître leur implication possible car ça demande beaucoup de temps et d'énergie", ajoute Aurélie Gavoille-Alix, chargée de développement et d'animation chez Auvergne-Rhône-Alpes Orientation.
Des concurrents de toute la région
Malheureusement cette année, pas de candidats issus du centre beaujolais en coiffure. "Nous avons une jeune fille qui va passer les sélections en pâtisserie et deux autres qui font celle d'esthétique", révèle Caroline Nicoud.
Ce 13 mars, la majeure partie des compétiteurs et compétitrices viennent d'écoles de coiffure lyonnaises. Trois étudient à l'Espace formation des métiers et de l'artisanat de Bourgoin-Jallieu (38), un à l'Institut des métiers de Clermont-Ferrand et un autre à l'Institut de formation professionnelle d'Aurillac (15). Une salariée d'un salon de coiffure isérois participe également. "L'âge est le seul critère, souligne Aurélie Gavoille-Alix. Ils peuvent être apprentis, lycéens ou demandeurs d'emploi et même autodidactes."
Les jurés, aussi bien professionnels qu'enseignants, passent entre les concurrents, leur grille d'évaluation en main. Posture, organisation, hygiène, respect du client, mouvements… tout est scruté.
Cosimo Lo Cunsolo, coiffeur à Saint-Étienne, juge par exemple l'aspect visuel global des coiffures. "Je vais regarder si les dégradés et les volumes sont respectés, ainsi que le rendu par rapport à la photo", explique-t-il. Lui-même a participé dans sa jeunesse à des concours. Idéal pour se mettre à la place des concurrents. "Je sais que c'est de l'entrainement et de l'investissement personnel. Il faut parfois travailler tard, jusqu'à 1 h du matin".
Pour Flore Clara, médaillée d'or à l'issue du concours, ce ne sera qu'un début. Elle devra, comme les vainqueurs en métallerie, chaudronnerie, boulangerie ou encore soins esthétiques, suivre plusieurs weekends et mois de préparation physique et mentale pour leurs finales nationales.
Car à Lyon, toute victoire lui ouvrirait les portes de l'Équipe de France et des échéances mondiale et européenne en 2024. Un cran encore au-dessus dans l'exigence.